Déception?

Lumumba livré aux bourreaux

Un sentiment de déception. Voilà ce que j'ai éprouvé à la lecture de l'Évangile de ce vendredi matin (Mc 6, 14-29). La conclusion est venue sonner le glas de la petite lueur d'espoir que je chérissais inconsciemment : Dieu fera quelque chose pour son serviteur... Et pourtant Jean a été injustement emprisonné et banalement décapité pour le plaisir démoniaque d'une femme adultère et ambitieuse, et pour les caprices de sa fille dépravée à la faveur de la démesure d'un roitelet ivrogne... " Ayant appris cela, les disciples de Jean vinrent prendre son corps et le déposèrent dans un tombeau." Étrange destinée que celle des prophètes qui osent dirent comme Jean le Baptiste "tu n'as pas le droit...". Étrange destinée d'Agathe qui a défendu sa foi et sa virginité au prix de son sang dans d'atroces souffrances sous l'empereur Dèce en 251. C'est l'heureuse destinée, oserons-nous dire, de tous ceux qui engagent leur vie pour la vérité de l'Évangile de Jésus Christ. Hélas parfois il y en a très peu même dans les rangs des consacrés. Nos vies sont devenues tellement plus précieuses que le témoignage à rendre à Jésus Christ qui est Chemin, Vérité et Vie.

J'imagine la déception de milliers de chrétiens qui se réfugient dans le Christ en espérant être défendus contre l'injustice et l'arbitraire des puissances du mal et des puissants de ce monde. La mort des innocents nous accable tous et presque quotidiennement. Et la réponse de Jésus semble encore décevante : "Je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups". Ce qu'il dit, lui-même le prouvera en restant désarmé et nu devant ses bourreaux. Il est lui-même cet Agneau innocent et sans tâche, le Seul dans la rigueur du terme, qui sera immolé pour nos péchés et nos lâchetés.

Notre sort sera toujours celui de notre Maître sans nul doute : ce sont les pauvres, les petits, les artisans de paix qui sont vainqueurs malgré les apparences. L’agneau triomphera toujours du loup sans aucune violence que celle du Serviteur Souffrant d’Isaïe conduit silencieusement à l’abattoir.

Déception ou prise de conscience réelle de notre précarité victorieuse ?

"Quand le fouet a déchiré l'homme-Dieu
Quand on a frappé l'amour innocent
On attendait ce jour-là que les pierres crient
Mais les pierres se sont tuent
La colère s'est perdue dans l'oubli"