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18 Jan

Dieu parle toujours!

Publié par Klaus Joan  - Catégories :  #Une Parole! Un désir!

Dieu parle toujours!

Contre la surdité, l’égocentrisme et l’individualisme spirituels. La parole de Dieu de ce dimanche nous introduit dans l’univers ordinaire à la fois mystérieux de l’appel de Dieu, qui est discerné grâce à d’autres hommes, et de la réponse de l’homme (1ère lecture et évangile). Cette réponse se concrétise selon saint Paul dans le don irréversible de soi à Dieu dans l’obéissance et la chasteté ou pour faire simple, l’hygiène de vie (deuxième lecture).

Quant au psaume, il nous parle du désir de l’homme, de son soupir languissant vers Dieu qui ne se fait pas prier avant de le combler gratuitement de sa lumière. Dieu lui ouvre les yeux et les oreilles du cœur, il fait germer en lui la connaissance véritable qui conduit l’homme à quitter sa réticence et son égocentrisme originels pour lancer un cri inattendu : « Voici Seigneur je viens… pour faire ta volonté contenue dans le Livre », la Parole de Dieu transcrite que nous appelons la Bible. Souvenons-nous des paroles du Christ dans la parabole du riche et de Lazare : « S’ils n’écoutent pas Moïse ni les Prophètes (désignation en milieu rabbinique des saintes Ecritures), quelqu’un pourra bien ressusciter d’entre les morts : ils ne seront pas convaincus » (Lc16, 19-31). Cela me rappelle cet homme de lettres qui disait qu’il se convertirait s’il voyait un miracle à Lourdes. Il en a vu mais est reparti comme il était venu tel un canard sous une pluie battante.

Revenons à la première lecture. Le jeune Samuel entend la voix de Dieu dans le sanctuaire de Silo et pense être appelé par le prêtre Eli. L’opération se répète trois fois successivement avant que le vieillard ne réalise ce qui se passait vraiment ! C’est alors seulement qu’il ouvre la voie à l’enfant qui à son tour peut se laisser saisir par le Seigneur : « Parle Seigneur, ton serviteur écoute ». Paroles pleines de confiance qu’une longue expérience au service de Dieu dans le Temple a fait acquérir au vieil Elie et que la disponibilité rend possible au jeune Samuel. Tout appel demande une écoute, un discernement et une réponse correspondante. Dieu appelle toujours et inlassablement dans le silence de nos cœurs comme le texte de Samuel en témoigne par le symbolisme de la nuit calme et du sommeil. A cet effet les moines ne disent-ils pas que celui pour qui le silence ne s’obtient que par le sommeil est incapable d’acquérir une vie intérieure, vie intérieure qui rend possible le recueillement et l’écoute de la voix du silence ? Le problème ce n’est pas Dieu qui ne parle plus ; c’est plutôt l’homme qui n’écoute plus envahit qu’il est par le bruit intérieur et le bruit extérieur.

Et j’ai parfois l’impression que tout dans la culture contemporaine est fait pour éviter le silence qui conduit à se poser les vraies questions, à écouter son cœur pour parvenir à la liberté intérieure (lire à ce propos, La vie intérieure : luxe ou nécessité, éditions Monte-Cristo). Quel désastre cela provoque dans les âmes, désastre qu’on étouffe à coup de déstressants. « Il n’y a qu’un seul problème, un seul de par le monde : rendre aux hommes une signification spirituelle, des inquiétudes spirituelles. Faire pleuvoir sur eux quelque chose qui ressemble à un chant grégorien » (A. de Saint-Exupéry). La voix de Dieu, les signes de Dieu et Dieu lui-même se déploient dans l’ordinaire de la vie des hommes de façon si humble que ceux qui attendent des manifestations grandioses s’y méprennent. Dans l’aveuglement qui est le nôtre, nous avons besoin bien souvent des Elie et des Jean le Baptiseur pour nous indiquer le chemin : « Voici l’Agneau de Dieu » la Parole éternelle du Père ! Changement de regard et dilatation du cœur car il n'y a pas pire aveugle que celui qui refuse de voir.

Comme Elie dans le cas de Samuel, c’est Jean le Baptiste qui indique l’Agneau de Dieu à ses disciples Jean et André qui cherchent le Messie d’un cœur droit et sincère. L’ayant trouvé, ils l’ont suivi et sont demeuré avec lui. Remarquons frères et sœurs qu’ont peut rechercher Dieu de façon malsaine pour des miracles ou par pure curiosité intellectuelle. Ce faisant, on ne cherche plus Dieu pour ce qu’il est mais à des fins utilitaires ou expérimentales. Pour le chrétien trouver Dieu commence avec une recherche droite, un désir purifié de tout narcissisme. Alors il se laisse découvrir dans un homme pour le moins ordinaire de Galilée, Jésus de Nazareth, celui que les premiers disciples suivent et dont ils partagent la vie afin de devenir à leur tour ceux qui répercutent l’appel: « Nous avons trouvé le Messie… le Christ. André amena son frère à Jésus ». Qui amènerai-je au Christ par mon témoignage vivant ?

Dieu continue d’appeler des hommes et des femmes, des chrétiens et des chrétiennes, des prêtres et des religieux (ses) pour devenir ses antennes-relais ; des hommes et des hommes tenus aux entrailles, habités par l’Esprit Saint, des amoureux de Dieu capables de dire en toute vérité avec le psalmiste « Vois, je ne retiens pas mes lèvres, Seigneur, tu le sais. J’ai dit ton amour et ta vérité à la grande assemblée ». C’est ainsi que tous les humains deviendront progressivement sanctuaire de l’Esprit Saint selon le mot de Paul dans la première aux Corinthiens. En effet, dans la droite ligne de la deuxième lecture, trouver le Christ, le rencontrer et adhérer à lui induisent un changement de perspectives et d’attitudes considérable. Paul lui-même en est le symbole palpable après son ‘accident’ sur le chemin de Damas. Cela n’a rien à voir avec des préceptes moraux qu’on imposerait de l’extérieur. Prenons un exemple : il est vain d’enseigner à un individu qui possède toutes ses facultés de retirer sa main d’une source incandescente. C’est un réflexe que même un grenouille écervelée reproduit ; un geste presqu’aussi ‘naturelle’ que respirer ou étancher sa soif. Connaître le Christ en vérité enclenche un processus de conversion profonde qui s’opère de l’intérieur et qui transforme du tout au tout la vie du croyant. A ce propos, quelle que soit la ferveur spirituelle et la piété observables qui les animent, des chrétiens qui semblent manquer d’humanité et ce dans la durée, on peut légitimement douter de la rencontre réelle et concrète avec le Christ Jésus crucifié et ressuscité qui se définit en Matthieu comme ‘doux et humble de cœur’ (cf. Mt11, 28-30). On comprend alors cette autre formule de Paul de Tarse : « le Règne de Dieu n'est pas affaire de nourriture ou de boisson; il est justice, paix et joie dans l'Esprit Saint. C'est en servant le Christ de cette manière qu'on est agréable à Dieu et estimé des hommes» (Rm 14, 17-18).

Chercher, écouter, trouver, suivre et demeurer avec, cinq mots qui retiennent notre attention de façon particulière en ce deuxième dimanche ordinaire. Pour trouver la réponse à la question lancinante qui peut habiter plus d’un, deux suggestions : lisez Quand le Seigneur parle au cœur de Gaston Courtois et pratiquez la Lectio divina à partir de la lecture de l’Evangile. « Celui qui cherche trouve, à celui qui demande on donne, à celui qui frappe la porte sera ouverte » (Mt7, 7). Mais serions-nous assez patients et persévérants ? Heureux le cœur qui recherche Jésus !

Prions pour les vocations, prions pour les familles chrétiennes, prions pour les couples chrétiens, prions pour les séminaristes, les religieux, les religieuses, les diacres, les prêtres, les évêques. Priez pour moi aussi. Je prie pour vous!

(JCTD)

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Pleinement humain, pleinement chrétien! "Le commencement de la sagesse, c'est la crainte de Dieu" (Un savant Juif)